vendredi 5 décembre 2014

Les vases communicants - décembre 2014 (38) : Angèle Casanova

Dans le cadre des vases communicants de décembre 2014, mon 38ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois d’octobre 2014 sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Angèle Casanova dont les mots sont ici.

Un petit coucou à Brigitte Célérier
Et un grand merci à Angèle Casanova d’avoir repris le flambeau et dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et les innovations. Quelle sera celle du mois, après la mise en voix des textes le mois dernier ?

Angèle, bibliothécaire et connaissant bien le secteur jeunesse et moi-même, nous nous sommes retrouvées autour d’un livre d’Agnès de Lestrade et Valéria Docampo.

Une des phrases de ce livre a déclenché nos deux textes:

« Il existe un pays où les gens ne parlent presque pas. C’est le pays de la grande fabrique de mots. »








un chat dans ma gorge

« Il existe un pays où les gens ne parlent presque pas. C’est le pays de la grande fabrique de mots. »
Agnès de Lestrade (texte), Valeria Docampo (illustrations). La grande fabrique de mots (Alice Jeunesse,2009)





Je n’ai pas donné ma langue au chat.
Le chat s’est fâché.
Il a décidé de me contrarier et s’est logé au fond de ma gorge.
Au chaud, il attend le printemps.
Quand j’avale quelque chose, il prélève sa dîme au passage. Rien ne l’arrête. Rien ne le dégoûte. Il prend son dû. Aile de poulet, tranche de gigot le remplissent d’aise. Chou de Bruxelles, brioche au miel, kir à la myrtille, il en fait son affaire. Il prélève. Consciencieusement. Son pourcentage. Compte. Recompte.
Il a même réussi à installer, là, tout près de ma luette, une minuscule balance à légumes. Usant de contrepoids infimes qu’il stocke derrière mes molaires, il vérifie le poids des denrées, additionne, soustrait, jusqu’à arriver à la quantité exacte requise. Alors, ni une ni deux, il ouvre grand sa gueule et ingurgite sa part.
Après, il fait la sieste. Il cale son ventre contre ma langue. Se roule en boule et ronfle doucement. Il rouspète dans son sommeil. Étire ses griffes quand mes mouvements l’empêchent de dormir.
Mais au fond, cette tyrannie créancière lui convient. Il n’a plus à chercher sa pitance. À dépendre du bon vouloir des mauvais payeurs, toujours tentés de ne pas donner leur langue au chat. Il se contente donc de ce qu’il a. Ma langue, il ne l’a pas croquée, mais elle fait un tapis de sieste tout à fait convenable.
C’est donc pourquoi j’ai un chat dans la gorge.
Et que je mâche mes mots.




Angèle Casanova (texte et photographies)


Grand merci à Angèle.


Pour pourrez découvrir mes mots … ici

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


vendredi 7 novembre 2014

Les vases communicants - novembre 2014 (37) : Wana Toctouillou

Dans le cadre des vases communicants de novembre 2014, mon 37ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois d’octobre 2014sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Wana Toctouillou dont les mots sont ici.

Un petit coucou à Brigitte Célérier
Et un grand merci à Angèle Casanova d’avoir repris le flambeau et dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens.


Place aux mots mis en images de Wana ... après ceux de mai 2013, que vous pouvez relire ici.













Grand merci à Wana.


Pour pourrez découvrir mes mots … ici

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

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vendredi 3 octobre 2014

Les vases communicants - octobre 2014 (36) : Dominique Hasselmann


Dans le cadre des vases communicants d’octobre 2014, mon 36ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois d’octobre 2014sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Dominique Hasselmann dont les mots sont ici.

Un échange de photos, de phrases d’une auteure que j’apprécie beaucoup, Anne Luthaud.
N’hésitez pas à aller découvrir ses différentes œuvres, ici ou .

Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.


Place aux mots de Dominique ...



Nature et découvertes

« L’eau sur laquelle je suis, c’est l’Atlantique, mais
on dirait la Méditerranée, plate, chaude, sans odeur,
brillante. Immobile surtout, égale. Et sans fin. Tant
mieux.
Il était où ton phare, le gardien ? » [i]

Le tangage n’avait pas cessé, la houle persistait et me roulait comme un galet. Il n’y avait rien où s’accrocher, pas de rambarde, de barre anti-roulis, de bastingage, de corde permettant de s’attacher au mât en attendant les sirènes, de cabine où enfouir les assauts de la mer.

Sur cet empilement de vagues, j’étais comme un fétu de paille, mais déjà trempé, détrempé, transi jusqu’aux os, je flottais comme un bouchon de liège, une bouteille sans papier glissé à l’intérieur, le mot SOS gravé sur le verre en transparence.

Personne ne m’apercevrait ni dans le jour, ni dans l’obscurité. Le vent avait trouvé un petit jouet et il me poussait vers cette île au loin : ce serait un havre de repos, de répit, mais là d’autres périls seraient cachés avant qu’ils ne fondent sur moi, qu’ils ne m’apportent de nouvelles tempêtes terrestres.

L’écume aux lèvres, l’écume partout, la mousse des vagues, le liquide salé de la Méditerranée, l’implacable mouvement de va-et-vient, l’escalade qui se retourne sur elle-même comme dans une toile d’Hokusai, un tsunami en réduction qui sortirait du cadre et envahirait le musée soudain inondé.

J’avais perdu tout espoir, nager n’était plus une priorité. Les flots me ballottaient et je me laissais faire, la terre approchait lentement, je distinguai maintenant les contours de la plage, l’eau claire et verte laissait passer les silhouettes de poissons bizarres, striés de noir et blanc.

Le ciel ne reflétait rien d’autre que l’absence de toute réponse. Les nuages, que je regardais à travers mes cils collés  par le sel, semblaient négliger mon naufrage : leur espace de déplacement était tellement plus vaste.

Le rythme du déferlement me rapprochait de la côte, ma montre s’était arrêtée sur 14 heures 15. Elle ne m’était plus d’aucune utilité sauf celle d’un accessoire auquel je tenais, peut-être parce qu’elle portait le nom de Nature et découvertes ? Ainsi le temps pouvait-il se figer, comme dans une fraction d’éternité où les aiguilles interrompent de manière extraordinaire leur course inexorable.

Je fis quelques dernières brasses, plus ou moins coulées, et je m’affalai enfin sur le sable mouillé. La terre semblait effectivement ferme. La marée était en gris. Des vaguelettes me léchaient les pieds nus. Je m’amusais à éplucher les pétales d’un souvenir de jardin flottant sur l’immensité et le grondement étales : « Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout… », puis soudain je m’endormis.



texte : Dominique Hasselmann
photo : Danielle Masson

Grand merci à Dominique.


Pour pourrez découvrir mes mots … ici chez Dominique

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants





[i] Anne Luthaud garder paru chez verticales en septembre 2002 - page 222

dimanche 21 septembre 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 9, pas de souci à vous faire


Ne m'en parlez pas... de quoi.... de la p....
Cela me donne des boutons. 
Pire que ceux des moustiques tigre de cet après-midi.

Encore et toujours dans "Tiers Livre"... c'est... ICI!




Dites ! c’est quand demain ?

Procrastination ; remettre quelque chose à demain ; tout remettre à demain et même à jamais.

Procrastination
Synonymie / antonymie
Ajournement & atermoiement/ -
Score 2/0

Quand c’est demain ? C’est peut-être après-demain…

Laver le sol de la pièce de Galla… aller changer de place sa chaîne pour qu’elle ne se prenne plus dans la lavande… couper la lavande qui reste… donner aux poules le reste de salade…

Arroser les plantes vertes qui sont dans l’escalier… enlever les toiles d’araignée… bonjour araignée du soir, espoir… espoir de soleil demain sans l’attaque des moustiques… où est la citronnelle ?

Tout cela à faire aujourd’hui ?
Il faut en laisser pour demain. Quand c’est demain ? C’est peut-être après-demain…

Ranger le bois… couper le bois… jeter les petites branches… ratisser, nettoyer… remplir la remorque… l’emmener à la décharge… mais aussi ramasser la sciure… la mettre au poulailler… nettoyer le poulailler… où sont les œufs ?

Préparer le terrain pour le mobil-home… se renseigner pour en faire une résidence d’artistes… accueillir peintre, musicien ou écrivain…penser au prochain atelier… chercher consignes sur la lune ou le soleil ou l’automne qui arrive… ne pas oublier de s’inscrire à l’atelier d’Éguilles qui reçoit Olivier Salin en octobre 2014…

Tout cela à faire aujourd’hui ?
Il faut en laisser pour demain. Quand c’est demain ? C’est peut-être après-demain…

Il est déjà demain 0.10… tout n’est pas fait… il en reste trop…
Direction sous la couette…



vendredi 5 septembre 2014

Les vases communicants - septembre 2014 (35) : Cécile BENOIST

Dans le cadre des vases communicants de septembre 2014, mon 35ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois de septembre 2014 sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Cécile BENOIST dont les mots sont ici.

Chaque jour, toujours ou presque, moins d’une dizaine de lignes à vous glacer le temps, ai-je écrit en premier jet.
Je rectifie, à vous glacer le sang.

Mais, comme beaucoup je pense, j’en redemande.
Mon moment de frisson journalier pour oublier les horreurs de la vraie vie.


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.


Place aux mots de Cécile, que je vais découvrir en même temps que vous ou presque.
Après avoir écrit mon introduction.

Roulements de tambour !!!
Entrée en scène de l’auteure habituelle de « Polars en short » mais ce n'en est pas un...



Les œufs de terre

Il y avait cette poule qui se faufilait entre les jambes du gamin, et le gamin croyait trouver les œufs dans la terre, comme les racines d’une plante, parce que, petit jardinier en herbe et en chair, il voyait comment ça poussait le végétal, et il pensait les animaux c’est pareil, ça croît dans la terre comme les haricots, et les bébés aussi sortent des entrailles de la planète, tout est sauvage sauf les immeubles sauf les maisons sauf les routes sauf les ordinateurs, le reste c’est enfoncé et ça sort au grand jour un jour, ou alors il faut l’aider à sortir, mais les œufs de la poule, il ne les trouvait jamais, alors il se demandait si la poule c’est sauvage ou pas, et ce qui n’est pas sauvage, ça n’a pas de racines alors, s’interrogeait-il, et quand il n’y a pas de racines, on n’est plus accroché à rien, on est aspiré par l’air du ciel, on se noie dans l’eau, on échoue au feu, on est libre parmi le vide, on s’échappe de la terre, on n’est plus là, alors les œufs de la poule doivent bien être quelque part.


P.S.: Je n’ai pas osé demander à Cécile si le prénom, titre de ses « polars en short » venait d’abord ou après le point final.
Ici, dans ce texte, pas de prénom. Normal, une pièce rapportée dans sa galerie de portraits.

------sa réponse en commentaire-----

P.S.2: Ce texte inspiré par nos quelques mots échangés :

Les siens (par bienséance, devant mais en réalité après les miens): “On peut partir sur la triade improbable poule-racines-sauvagerie ?

Les miens: “J'écris le plus souvent autour de personnages cherchant leurs racines ou à partir de photos de mes poules... un texte de vous sur la sauvagerie, pas de problème



Grand merci à Cécile.


Pour pourrez découvrir mes mots … icichez Cécile, avec un peu de retard dû à ma très mauvaise organisation en ces jours de rentrée. Ça promet !

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


dimanche 24 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 8, juste avant que

Changement de guide.
John Gardner...
C'est par .

Les trois roses rouges...



Du plus loin qu’il s’en souvînt,
Il y avait toujours au moins une fois par année
Trois roses rouges qui s’imprimaient sur sa rétine.

Aussi loin qu’il s’en souvienne…

Il arrivait même à se rappeler,
Les quelques minutes
Qui précédaient les trois roses rouges.

Juste avant de les regarder,
Juste avant de les acheter,
Juste avant de les cueillir,
Juste avant d’entrer dans son temps des roses rouges[1]
Juste avant de les jeter,
Juste avant de les photographier,
Juste avant de les offrir,
Juste avant de lire Blanche-Rose et Rose-Rouge[2],
Juste avant de les sentir,
Juste avant de déguster de la gelée de roses rouges,

Juste avant,
Juste avant,
Il y avait ce fourmillement dans son bras gauche,
Un fourmillement ou plutôt,
une décharge qui allait
de son coude au bout de ses doigts de la main gauche.
Surtout dans son pouce et son petit doigt.

Oui, c’est cela juste avant les trois roses rouges,
il y avait ce dixième de seconde de souffrance aiguë.

Et cette chanson qu’il écoutait
Quand son cœur battait la chamade,
« J’ai cueilli trois roses rouges
Au jardin de mes amours… »[3]