lundi 14 mai 2012

Une photo, quelques mots (39), Jérôme, reporter photo


 

Sur proposition de Leiloona, les textes de la semaine, ici

 

08 mai 2012


©Kot² - La galerie de Kot – Happy hour -
Cette photo a été prise le 7 février 2010.

Jérôme, reporter photographe.

Aujourd’hui, je suis de nouveau dans la ville cosmopolite à la recherche de la photo qui me rendra enfin célèbre.
Je vais et viens dans les rues. Je recherche l’insolite, le bizarre, l’extraordinaire, le jamais vu.
Pour la nième fois, je déambule à la nuit tombante dans cette rue que je connais bien. C’est celle du domicile de la grand-mère de Camille, mon amoureuse. Un café côtoie un autre café, un restaurant rivalise avec un autre sur la nouvelle carte du printemps.
Je passe devant une salle de bar. Je n’y prête guère attention puis je retourne sur mes pas, mû par je ne sais quelle intuition.
Quelque chose a attiré mon regard. Un instant fugace, à peine perceptible.
Et soudain, sous mes yeux, la preuve que la photo dont je rêvais existe. Mon œil a saisi l’instant.
Je capte un regard qui m’intrigue. Cette femme m’attend, j’en suis persuadé. Elle veut que je la photographie.
Le cadre est étrange. Au mur, de nombreuses pendules. J’imagine que s’y affichent les heures de New-York, Tokyo, Varsovie, Moscou et que sais-je encore.
Un danger plane, elle regarde dehors, oublie son vis-à-vis dont je ne vois que la main.
Je me fais gourmand de l’instant.
Je veux capter l’expression du visage de celle que je baptise, instantanément, Angela.
                                         
                                                            © 2012 - 32 Octobre

lundi 7 mai 2012

Une photo, quelques mots (38), Souvenirs


1er mai 2012

Sur proposition de Leiloona

 

Une photo, quelques mots (38)


 ©Kot² - La galerie de Kot - Cette photo a été prise le 24 mai 2009.- Villa Arpel Mon oncle Jacques Tati
Tous les textes de la semaine sont ici – Le tourbillon de la vie
Souvenirs.
Un couloir d’immeuble, de maison ? Pourquoi pas un couloir de musée… Bizarre, ce vélo me dit quelque chose. Je l’ai déjà vu mais je ne me souviens plus où. Pourtant, un plafond comme cela, je n’aurais pas dû l’oublier.
Je suis persuadé que ce vélo est à moi.
Et cette photo qui l’a prise ?
A qui pourrais-je demander ? à Grand-père… oui certainement, à Grand-père. Il a une mémoire d’éléphant. Il aime parler du passé avec moi. Je l’appelle Grand-père, plus facile qu’arrière grand-père, vous serez d’accord avec moi. J’aurais dû l’appeler par son prénom. Mais je n’ai jamais pu, malgré toutes ses demandes.
Jamais je ne pourrais l’accuser de mensonge. Il ne m’a jamais rien caché de ma naissance, de ma vie d’avant. Il a toujours été mon confident. Il l’est encore maintenant que je suis devenu grand. Je vais sur mes neuf ans.
Vous vous imaginiez que j'avais combien ? Tant que cela ! Vous aviez tort. Je suis en avance pour mon âge, je vous l’accorde. Mais revenons à nos moutons et à cette photo.
Je suis presque sûr que c’est Grand-père qui m’’a offert ce vélo d’enfant dont on a enlevé les roulettes. En quelle occasion cette photo ? Que de questions quand j’ai retrouvé cette photo dans le tiroir de mon bureau d’écolier. Je ne sais même plus comment elle est arrivée là.
Pédaler, du plus loin que je me souvienne, a toujours été un moyen pour m’évader. Pourtant, j’ai toujours eu ce dont un petit garçon peut rêver.
Mais pédaler, encore pédaler, le seul moyen pour me vider l’esprit. Même quand on a cinq ans, parfois, il faut se vider l’esprit, surtout quand les souvenirs douloureux reviennent devant les yeux.
Quand j’étais enfant, j’étais petit de taille, un peu fragile de santé et aussi et surtout intrépide. Rien ne pouvait m’arriver, je vous l’affirme. J’étais, dans ma tête, indestructible.
Neuf ans et déjà trop mûr.
Tout cela je l’ai expliqué à Hélène, l’amie de Grand-père et surtout la Grand-mère de Clémence, ma maman à moi.
Je suis Milan devenu Alexis et je veux me souvenir de ce vélo. Je suis persuadé qu’il était bleu.

vendredi 4 mai 2012

Les Vases Communicants (8), Mai 2012, Brigitte Célérier


Dans le cadre des VASES COMMUNICANTS
du mois de mai 2012

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Ci-dessous le texte qu’a bien voulu me confier

Brigitte Célérier…


Courez la découvrir ici ou encore ici.


Supplique


dans le bleu si dur, qu'on le dit azur, le bois lancé en plainte, juste le jeu de la lumière, trop discret, pour apaisement
ô le bois cassant, torturé, la peau très lisse, brun morne un peu verdi, les petites fins claires de ces rameaux, les ombres qui dessinent la forme, qui tournent, et l'éclat des cassures
dépouillement
vers la gloire de la lumière, branches dardant leur survie, humble supplique, la douceur charnue des fleurs
le rose qui s'évanouit, les blancs retroussis, l'abandon à l'air, l’amollissement, juste une évocation des formes, souvenir de l'éclosion, et leur charme actuel, bijoux baroques, décadents
un au revoir
les aimer, car se sentent nues, livrées au regard, en leur faiblesse venue, exhibées, sans leur écrin, leur nid de feuilles, les feuilles drues et larges, brillantes, si vertes
fières encore de leur splendeur, leur royauté si proche, se persuadent vaillamment, le veulent croire, qu'elles sont inchangées
dépouillement, au revoir hésitant
elles sourires brouillés, elles radieuses, encore, elles charmantes, soumises, à la merci d'un souffle, sous la cruelle caresse du soleil
elles beauté qui nous est grâce, dans la tiédeur qui s'endort, dans la lumière, la chanson du jour
dépouillement, au revoir hésitant
la douce nuit vient


Pour découvrir tous les textes du mois, ici ou

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants, que chacun puisse relayer les autres... »